Notre histoire
Premières traces de l'existence des bâtiments au bord du Ton sur des plans de la Ville. Ils sont connus sous le nom de Brasserie Fayon ( Pierre-Ferdinand).
La brasserie est agrandie par deux nouveaux bâtiments, juste devant ceux existants.
P-F Fayon décédé en 1867, la veuve de celui-ci vend la brasserie ainsi que la maison d'habitation ( la maison du maître brasseur, construite peu de temps avant; cette belle maison voisine est aujourd'hui propriété Guérard-Jacob, et abrite le cabinet du kinésiste Damoiseau ) aux deux frères Bodson, marchands-brasseurs à Virton.
Les deux frères revendent le bien à la jeune société coopérative " le Progrès ", et les anciens bâtiments sont agrandis
La maison et l'usine furent séparés, et la brasserie fut acquise par le notaire Foncin , bourgmestre libéral de Virton, qui décida la transformation des lieux en une salle de spectacle moderne, théâtre et cinéma. Le notaire Foncin était apparenté à l'un des secrétaires du roi Albert 1er, lequel connaissait l'architecte du Théâtre de la Monnaie à Bruxelles, et ce dernier accepta d'en dresser les plans, ou du moins d'influencer sa conception. Juste à côté, fut construit un hangar en bois (plan 5 ci-contre ) , utilisé pendant la guerre 14-18 par les allemands comme mess pour la troupe. Au milieu des années 20, cette annexe était utilisée comme garage automobile Ford (Automobiles Alfred Lambert); ensuite comme fabrique de literie et salle d'exposition. Puis ce fut les Etablissements Lonniaux (Garage Opel), et plus tard divers commerçants. Cette nouvelle salle fut nommée Cercle Franklin , en hommage à la maîtrise récente de l'électricité.
Inauguration du cercle Franklin. La première représentation théâtrale eut lieu le 10 août, la première séance de cinéma le 14 septembre et l'inauguration officielle le 26 octobre de cette année là. Dès lors, le succès du Franklin, seul théâtre de la région, ne se démentit plus. Nestor Outer, peintre et homme de théâtre, y monta des pièces et créa des décors. Les programmes évoquent les noms de célébrités de l'époque, comédiens, chansonniers qui animèrent les lieux à son instigation.
Les Allemands utilisèrent le cinéma à leur fin de propagande. Ils l'appelèrent le "Kino" ( cinéma en allemand).
De vieux journaux et affiches allemands trouvés sur place témoignent de leur passage en ces lieux.
Nestor Outer devenu trop âgé, le Franklin, après quelques années d'abandon, passa aux mains de la famille Fontaine et devint cinéma à titre principal , sous la direction de M. Georges Marchal , originaire d'Arlon. André Debras, que notre histoire locale retient sous le pseudonyme d' "André Lumière", y fit carrière comme projectionniste de 1947 ( il avait alors 15 ans) à fin 1952.
L'inénarrable Luc Van Nuffel occupa quelques temps les lieux sous l'enseigne du magasin "Meubles Stock" dans les années 80, avant que le site ne tombe à l'abandon à la mort de Gérard Fontaine.
Le site fut racheté par Roger Depiesse, avec un projet de complexe immobilier. Mais suite à des déconvenues avec l'urbanisme et les riverains, le projet fut abandonné définitivement. La cage de projection ( située au sommet de la façade avant, à la base du toit ) fut démontée par mesure de sécurité car elle menaçait de s'effondrer. Le toit réparé grossièrement et les portes ouvertes, le Franklin ne cessa dès lors de se dégrader, surtout sur sa partie avant, jusqu'à devenir un chancre du centre ville. Plus personne n'y prêta alors attention.
Trois compères, soucieux de la sauvegarde du patrimoine local, décidèrent de marquer l'opinion publique en faisant revivre une dernière fois ce lieu magique en se lançant dans le projet fou d'y organiser le réveillon de la Saint-Sylvestre. Ce fut un gros succès, et le Franklin se réveilla le temps d'une soirée unique en son genre.
Un couple de restaurateurs, Anne et Cédric Michaux , eurent l'idée de visiter les lieux plus profondément et d'étudier sérieusement la possibilité d'une rénovation en un superbe restaurant, et du même coup faire revivre la salle de spectacle où tant de souvenirs se sont endormis.